dimanche 30 janvier 2005

Deuil(s)

J'aimerais pouvoir dire que tout va bien, que ma nouvelle vie est géniale, que je m'éclate à donf comme le célibataire que je suis, que la liberté a un goût d'ivresse et que je ne m'en lasse pas. Mais ça serait peut-être édulchorer la vérité, et je ne m'en sens pas l'envie.

Le bouleversement radical de mon quotidien laisse des traces profondes dans l'idéal que je me faisais de la vie seul. Il y a beaucoup de choses à gérer, et pour la plupart d'entre elles c'est assez péniblement que je m'en sors. Faire les courses. Se faire à manger. Gérer le planning. Gérer l'eau chaude. Le ménage à organiser. Le linge. Les clopes. Le feu. Plein de choses dont je n'ai jamais pris conscience, et dont Y. s'occupait. Même si elle le faisait mal, au moins mon esprit était libéré de tous ces besoins à satisfaire, et je pouvais piocher à ma guise dans la mane maternelle.

Bref, c'est dur. Non pas que cela m'embête vraiment (j'ai toujours un sourire béat à l'idée de faire une vaisselle), mais je n'ai pas l'impression de pouvoir passer en mode "off" comme cela m'arrivait par le passé. Ma survie ne dépend plus que de moi (ou presque), et mes sens doivent rester en éveil. Le simple exemple des chutes ou lâchés involontaires d'objets tels qu'ils m'arrivaient souvent chez Y. et qui ont totalement disparu de ma vie suffit à expliquer ma vigilance permanente.

Le temps me manque pour pouvoir m'occuper de moi, ou plutôt pour me faire plaisir. Ma vie est devenue relativement spartiate (je n'ai plus mangé de frites depuis 15 jours), sobre, tranquille, raisonnable et propre sur elle. Peut-être un peu trop d'ailleurs. Etre complétement explosé par 5 joints à 3h du mat avec mes potes me manque.

Le temps règlera mes contrariétés, j'en suis sûr. Comme celles d'Y. d'ailleurs. Pourtant, ce n'est pas facile pour elle. D'autant plus que le clébard sur lequel elle avait jeté son dévolu et son trop plein d'amour a du être euthanasié vendredi. J'ai donc failli à mon planning, et ai passé la soirée à ses côtés, entre Jean-Pierre Foucault qui présentait les 50 meilleures chansons de films et les championnats d'europe de patinage artistique à Turin. On ne la changera jamais je crois.

Mon intégration à mon nouvel environnement a trouvé un adjuvant dans la personne d'une colocataire impétueuse et sympathique. Je crois qu'elle supporte comme moi assez mal la solitude, et donc il nous arrive de combler nos solitudes respectives par la présence de l'autre. Tout cela est encore fort gentil et convivial, mais ses sous-entendus laissent quelques portes ouvertes qu'il me serait loisible de franchir. Mais je ne sais pas pourquoi, l'idée d'une aventure amoureuse avec elle ne me fait ni chaud ni froid, peut-être parce que je me reconnais trop en elle. Je pense que je préfère rester son ami, et reprendre mes recherches virtuelles pour trouver des victimes consentantes afin d'assouvir mes envies débridées. On en revient au problème du temps qui me manque, et qui ne me laisse pas beaucoup d'occasions de dragouiller.

J'aimerais aussi arriver à parler de tous ces moments insolites et cocasses qui pimentent cette nouvelle existence. Des courses avec M. la clochette qui transforment ma chaise en véhicule utilitaire de transport de marchandises, des pannes électriques qui surviennent au milieu d'un passage pour piétons, du succulent repas avec mon ami décorateur et de la rencontre de son fils, des exercices d'équilibristes requis pour prendre un bain ou une douche, de la joie d'avoir enfin récupéré BeTV et mes chaînes thématiques favorites. Ce n'est qu'un bref aperçu de tout cela, et si le temps ne me manque plus je ne manquerai pas de relater tout en détail.

Parfois il faut faire son deuil d'un petit chien qu'on a aimé, d'un amour qu'on voit s'envoler au loin sans rien pouvoir y faire, ou d'une ancienne vie qu'on trouvait parfois plus confortable. Il faut continuer à avancer coûte que coûte, et ne pas oublier son bonheur malgré le chagrin. Il faut vivre.


samedi 22 janvier 2005

(In)dépendance

La découverte est dangeureuse mais la vie aussi. Un homme qui se refuse à prendre des risques est condamné à ne jamais apprendre, à ne jamais croître, à ne jamais vivre.

Pardot Kynes, Planétologiste, Premier Livre d'Arrakis, écrit pour son fils Liet.
B. Herbert & K.J. Anderson in La maison des Harkonnens
Me revoici, après les découvertes de mon nouveau quotidien. Le travail reprend ses droits, avec son cortège d'obligations diverses. Le bouleversement radical que j'attendais dans ma vie est en train d'arriver, non pas comme un tremblement de terre tel que je l'attendais, mais plutôt comme la nature qui reprend possession d'une terre habitée, tout en douceur et avec un renouveau merveilleux.
Comment on fait pour inventer de nouvelles habitudes ? Laisser libre cours à mes envies basiques a longtemps été impossible, et je me sens parfois obligé de me justifier de ne pas encore en avoir. Je laisse faire le temps et le peu d'instinct primaire dont je dispose, je suppose que cela devrait s'arranger.
C'est étonnant de voir comme les solutions pour pallier mon handicap dans les gestes quotidiens sont variées, et parfois amusantes. De nouvelles machines (parfois dignes d'un film moyenâgeux) viennent à mon secours pour les toilettes, le bain, et je me sens redevable à tous ces inconnus qui m'aident de leur expérience. Le fait que s'occuper de moi soit leur métier rend ma dépendance envers eux vraiment différente. Ils rentrent dans mon quotidien, mais nous n'avons pas à être intimes. Ils ne rouspètent pas, et sont à mon écoute. Je n'ai pas à supporter leurs humeurs, et eux n'ont pas à subir les miennes, même si je suis relativement convivial. Le plus grand changement est là. Un autre grand changement est pour mes amis, qui se sentent un peu désemparés de ne plus devoir me mettre au lit...
Il y a plein de choses à dire. Mais je continuerai une autre fois, il va être temps de manger, puis de retourner faire une mise à sac du magasin le plus proche pour trouver de quoi me sustenter la semaine qui vient...

mercredi 19 janvier 2005

New Life

Leaving my family behind me
Not knowing what lay ahead
Waving goodbye, as I left them in tears
Remembering all we’d said

I looked to the sky,
I offered my prayers
I asked him for guidance and strength
But the simple beliefs of a simple man
Lay in his hands, and on my head

Genesis - Driving the last spike

Contrairement à toutes les espérances d'Y., je l'ai fait, et ma foi cela semble se passer plutôt bien. Le week-end et le début de semaine furent bien remplis pour me permettre d'emménager définitivement hier. P. et L'Elu ont fait avec moi le dernier trajet de chez Y. à mon nouveau chez moi. Je n'ai malheureusement pas pu retenir mes larmes lors de l'au-revoir à mon grand-père. Tant de souvenirs associés à sa petite maison ouvrière (j'y ai passé les premières années de ma vie), et à mon "domaine" de campagnes environnantes. Lors des longues promenades avec lui à travers les champs lorsque j'étais petit, je me suis souvent imaginé être un seigneur féodal, en visite sur ses nombreuses terres.

Lors de mon départ, le ciel lui-même a versé une larme, nous gratifiant d'une drache nationale bien de saison. Mais les impératifs du moment ont vite repris le dessus, et j'ai grâce à mon efficace équipe pu récupérer mon matériel de hacking et de socialisation virtuelle, ainsi que la télédistribution, ce qui n'est pas négigeable non plus. Courses folles avec M. pour le nécessaire de survie du début, pizza en compagnie de M., l'Elu et sa compagne et P.. J'ai même poussé le pied de nez jusqu'à faire la vaisselle seul tandis que l'Elu jouait du ciseau sur la chevelure flamboyante de mon bricoleur préféré.

Situation étrange, pour eux comme pour moi, lorsqu'ils m'ont laissé avec un inconnu qui allait effectuer la mise au lit. Aucun problème technique à signaler, on sent que ce sont des professionnels. Inutile de mentir, m'endormir a été relativement pénible. Trop de changement radical pour que cela ne porte pas à conséquence, mais la fatigue a fini par prendre le dessus et j'ai dormi seul chez moi pour la première fois.

Le réveil fut fort agréable malgré un timing quelque peu foireux (mon radio-réveil a sonné à 7h10 alors que l'infirmière n'est arrivée qu'à 8h20). Habillage, toilette, puis petit déjeuner seul. Depuis 9h30 je réponds à tous mes amis en les rassurant sur la coolitude de ma nouvelle vie, et je finis de régler quelques détails administratifs. Et me voici.

Je dois bien avouer que si parfois je me suis senti un peu impuissant ou capricieux face à mon désir de changement, une fois qu'il est là, ça fait tout bizarre. Parce que grâce au fauteuil électrique, je peux me déplacer facilement seul partout dans mon appart, et que je peux me permettre de faire ce que je veux, comme je le veux, quand je le veux. Mes sensations sont difficiles à décrire à des "valides", j'ai l'impression de découvrir seulement ce que peut être la vraie liberté de mouvement. Parfois, comme un con, je quitte mon PC pour faire deux tours sur moi-même avant de me replacer sans hésitation devant mon clavier. Stupide ? Je ne sais pas. Puéril ? Certainement. Je suis comme un enfant qui découvre les joies de l'espace tridimensionnel, et le déplacement aléatoire. Ca me passera, je suppose, mais la joie est là et restera à jamais, je crois.

Il y aurait encore tant de choses à raconter sur ma fantastique aventure. Mais ma nouvelle vie m'apprend aussi que j'ai (enfin) droit à mes moments de solitude bénéfique, et que tout le monde ne doit plus tout savoir sur moi. Ca s'appelle l'intimité. Et je me rend compte que c'est ça qui m'a manqué, plus que la liberté de mouvement, je crois. Malgré toute la bonne volonté d'Y., jamais je n'aurais pu l'acquérir chez elle. Laissez-moi donc en profiter, et continuer à vivre mes extraordinaires pérégrinations sur MA voie...

dimanche 16 janvier 2005

Lost Box

Mais où est-elle donc passée ? Bon, je vais pas m'énerver, je crois que cela ne servira à rien. Et puis je trouve qu'une seule caisse égarée dans le déménagement, alors qu'il y avait beaucoup de choses à empaqueter, emballer, transporter, déballer et ranger, c'est pas si mal. On la retrouvera certainement vite...

Comme mon ancienne vie, Y. semble à l'agonie. Les brêves tentatives de discussions se terminent toujours par des reproches sans fin à mon égard, à ma méchanceté naturelle qu'elle vient de découvrir, à mon manque de franchise et au fait que je la délaisse sans aucune raison plausible, sinon celle de vouloir vivre MA vie. Et apparemment, cette dernière n'est pas une bonne raison pour elle. Il aurait sans doute fallu que je sacrifie le peu de jeunesse qu'il me reste pour partager le championnat du monde de biathlon à Rupholding en sa présence, en avalant des bières et en niant la décrépitude totale qu'elle entretient autour d'elle. Désolé, je crois que je me dois d'être un peu égoïste quand-même. J'aurais probablement pu mieux faire, et ne pas accepter l'aide offerte par des gens qu'elle ne connaissait pas, et qui transforment mon déménagement en un quasi cause humanitaire digne du Tsunami. Mais tout cela me pèse trop, je ne supporte plus de négocier, argumenter, demander, supplier, implorer et m'énerver pour ce déménagement. On me propose de l'aide, tout s'enchaîne, et donc j'accepte le déroulement parfois chaotique de cette organisation, puisqu'en fin de compte les résultats sont là. Je ne sais pas si je peux vraiment me permettre de tenir compte de la susceptibilité d'Y. dans mon organisation, puisque de toute façon, elle n'en ferait qu'à sa tête et arriverait à ne pas voir les efforts que je fournis.

Après un peu de rangement et de bricolage hier soir, je me suis offert un resto en tête à tête avec ma clochette préférée dans notre resto Indien préféré, pour essayer d'un peu oublier tous ces marasmes qui me fatiguent tant. Objectif réussi, puisque j'ai dormi comme un bébé plus de 10h, ce qui m'a permis d'un peu récupérer...

Le changement est proche. Vivement dans 48h...


mercredi 12 janvier 2005

White flag

L'avantage d'une guerre comme la mienne, c'est qu'on sait quand elle se terminera. On pourrait presque dire que je bats en retraite. Disons plutôt qu'il me faut conquérir de nouveaux territoires, et que je laisse bien volontiers le mien à cette chère Y..

Hier j'ai enfin prévenu mon grand-père de mon départ imminent. Contre toute attente, il a été génial avec moi. Triste, mais sensé. Il fallait bien que ça arrive. Je n'allais pas passer toute ma vie chez ma mère. Et même si je l'avais fait, le temps passe et un jour ou l'autre j'aurais du me débrouiller seul. Autant le faire maintenant, que j'en ai encore la force. Mieux vaut provoquer les évènements que les subir. Discipline de l'action, encore et toujours.

Les soutiens se renforcent, la stratégie finale est mise en place. J'ai du reculer la date de mon départ d'un jour pour pouvoir disposer de véhicules et de bras en nombres suffisant. Mardi, je mets les voiles. J'ai déjà une infirmière pour mercredi matin et mon premier lever dans mon nouveau chez moi.

Je voudrais dire que tout cela me semble étrange, farfelu, irréaliste mais réalisé. La lumière est là, je la vois. Plus que quelques obstacles mineurs, et ma vie à moi est là, tout devant. J'ai tellement besoin de pleurer pour me vider de toute cette rancoeur dont Y. m'a gavé depuis l'annonce que j'ai envie de rire aux larmes. Me coucher là, par terre, et m'endormir pour rêver des 1001 choses dingues que je vais pouvoir faire. Hurler ma joie à tous mes amis fidèles, et à tous les moins fidèles aussi, même au Venezuela. Remercier les quelques rares personnes avec qui j'ai passé tant de soirées, de journées, de matinées à discuter de mon mal-être, de ma situation oedipiennement vomitive, de ce courage que jamais je n'aurais cru trouver en moi. Et pourtant, je l'ai presque fait. Si je ne suis pas un homme comblé, au moins puis-je dire que je me sens maintenant un homme accompli, bientôt juste à sa place, chez lui.

Je me remémore avec délectation toutes ces rencontres magiques, ces pizzas chez Dario à déguster en apprenant à se connaître, ces escalopes milanaises trop arrosées pour partager autre chose qu'un bon repas, ces plats indiens extravagants accompagnés de danses évocatrices pour célébrer les grandes nouvelles. Merci ma puce, merci mon ange, merci clochette, merci ma belle, vous mes petites fées qui m'avez tant donné jusqu'ici. Je ne peux retenir des larmes (de joie ou de fatigue, peu m'importe) quand je pense à la façon dont vous avez toutes influencé mon destin pour me faire prendre ma voie. Si je suis heureux aujourd'hui, et si je peux enfin l'être demain, ça sera grâce à vous. C'était un hommage qu'il me fallait rendre, pour ne jamais oublier de l'infernal immobilisme d'où je viens et que je peux enfin quitter maintenant.

La fin de semaine risque d'être plutôt mouvementée, j'essayerai de continuer de tenir mon journal de campagne comme un correspondant sur le front. La seule différence, c'est que j'espère bien éviter toute forme de dommage collatéral, et que la victoire ne sera jamais amère...




dimanche 9 janvier 2005

Final countdown

Demain et une semaine plus tard, à cette heure, je serai probablement déjà seul dans mon appartement. Cette réalité me terrifie.

Les derniers jours ont été très mouvementés, dans mon âme, ma tête, mon corps.

Jeudi nous avons descendu mon fauteuil électrique en ville. Le voilà enfin à l'appart, dispo pour les essais pratiques après toutes ces théories compliquées que mon cerveau hésitant avaient échafaudées. Pour la première fois de ma vie j'ai pris un ascenceur seul. Et avant ça j'ai du réaliser une manoeuvre infernale pour éviter une voiture qui sortait de la cour par le porche d'entrée plutôt étroit. P. et D. étaient déjà montés avec la chaise manuelle et les outils. Petit flip, mais j'y suis arrivé. En rentrant seul pour la première fois dans l'appart, il a évidemment fallu que j'arrive à cogner le chambranle. Et quelques minutes plus tard, à déjà faire un coup dans le frigo. Pas évident de se piloter au joystick ailleurs que dans Megaman.

Vendredi je suis parti en quête des matériaux nécessaires à la fabrication de mon coin cuisine adapté à ma chaise avec P.. Finalement les suédois en jaune et bleu avaient un début de solution (pas volontairement je vous rassure) avec deux petits meubles de 70cm de haut qui vont servir à soutenir le plan de travail. Achat de vis, chevilles, évier, planche et panneau de bois pour finaliser ce support. P. devra aller chercher le plan de travail sans moi, pas moyen de me caser avec ma chaise dans sa camionette avec une planche de 2m36. J'ai passé une bonne partie de la journée à l'attendre pendant qu'il fouinait dans divers magasins de bricolage, à grelotter à cause de la faim, du froid, et surtout de l'anxiété permanente qui me ronge maintenant. Je commence à réaliser le risque, les implications. Je pense à Y., seule chez elle. Je me demande quand je vais enfin trouver quelqu'un pour m'accompagner chez mon grand-père afin de lui annoncer la nouvelle. 1001 questions me taraudent, et j'essaye de ne pas y penser. Mais quand on est seul dans le noir et le froid, et qu'on ne peut pas fumer dans la voiture, on ne peut s'empêcher de laisser vagabonder son esprit. Moments difficiles. Suite des opérations dans une soirée mi-délire mi-gravité avec Brigde, l'Elu et sa compagne pour le début de l'empaquetage. A 1h du mat, le plus gros était emballé dans des caisses. Il restera un petit boulot de tri lors de la mise en bibliothèque des tous ces livres, CDs et DVDs, mais le plus gros est fait. Un voile diaphane de poussière plane dans le bureau, et la fatigue s'empare de moi. Dodo, il est temps.

Hier, ultime assaut contre les surconsuméristes scandinaves pour tout le nécessaire de bivouac. Couette, oreillers, draps, essuies, ustensiles de cuisine de base, et tutti quanti. Je ne pourrai jamais assez remercier M. pour son dévouement et son engouement à se ballader dans les rayons avec moi surchargé de brols en tout genre, au milieu de tous les autres crétins comme moi victimes de la simplicité apparente de ce temple suédois. Jamais je n'aurais pu faire cela sans une fille qui a la patience de regarder tous les modèles de tire-bouchons, toutes les couleurs de couvre-lit pour voir si ça va avec le reste, tous les modèles de lampe pour trouver celui en plastique qui ressemble à celui en verre mais qui est 4 fois moins cher, et qui est même capable d'inspecter 14 paniers en osier pour trouver les 6 parfaits dans le lot. J'ai failli oublier le trajet aller à pied dans la bise à 100 km/h de face, avec la pluie cristalline qui nous fouettait le visage, les mains douloureuses, et le froid paralysant. Note pour plus tard : si un jour j'ouvre un centre pour les enfants qui lisent pas génial comme Derek, ne pas oublier de remplacer la statue représentant la bataille d'essence par une statue représentant M. avec un sachet Ikea rempli et P. avec un marteau.

De retour à l'appart avec notre butin accompagnés de D. et V. qui avaient à leur tour affronté les éléments sur le parking géant pour venir nous récupérer, je change de chaise et me revoilà libre de mes mouvements. Après un rangeage express, me voici à la porte d'entrée du complexe de studios avec M. pour ma première sortie avec le fauteuil électrique en ville. Misère. Quelle frousse. Pourtant, le ciel avait l'air de vouloir m'aider, le vent avait fait disparaître toute forme d'intempérie comme pour me chuchotter "allez, vas-y, lance-toi". Et je l'ai fait. Première traversée de rue. Premiers trottoirs (heureusement adaptés). Premier calcul d'itinéraire pour trouver les endroits accessibles. Premières inconsciences dues à l'impatience de ces feux de signalisation toujours trop rouges. Premiers slaloms dans la foule qui ne regarde jamais où elle va, comme si tout l'intérêt d'une ballade en ville était de scruter les pignons des maisons. Nouvel accrochage dans l'ascenceur du magasin d'électroménager, heureusement sans trop de conséquences. Premier Macdo à la saveur de liberté, seul perdu dans mon grand siège Recaro. M. a du me laisser pour refaire son heure de bus pour rentrer chez elle, L. prend le relai de justesse. Retour à l'appart dans la nuit, avec un peu plus d'assurance. Après un bref moment à lui raconter mes épiques aventures, P. vient me rechercher pour me ramener chez Y.. Pourtant, je serais bien resté chez moi ce soir...

Je me sens parfois ridicule de faire de banalités (voire futilités) pareilles des aventures dignes du Baron Münchhausen. Mais c'est ma nouvelle vie. Remplie de nouveaux défis, de nouveaux frissons, de nouveaux bonheurs. Et pour le moment, même si j'en bave pas mal, savoir que je ne serai jamais seul continue de me donner l'énergie nécessaire à provoquer ce changement radical dans mon existence. La vie est fantastique, il ne faut jamais l'oublier...

mercredi 5 janvier 2005

Atychiphobie

Je ne sais pas si c'est parce que j'ai moi-même créé la situation actuelle que je suis sous pression permanente, mais j'ose espérer que cette impression d'hostilité à mon égard va bientôt cesser. Hier soir, nouvelles remontrances d'Y. car P. venait de partir précipitamment pour se décharger de la (lourde) tâche de la mise au lit, et elle a du s'en charger elle-même. Vous pouvez imaginer une mère qui reproche à son fils le simple fait d'exister et de devoir s'occuper de lui ? Y'en a qu'une, et c'est pour moi. Il m'a fallu beaucoup de self-control pour ne pas répliquer, et la laisser déblatérer ses inepties toute seule. J'avais envie d'un bon hurlement primaire, et de lui gueuler "t'avais qu'à pas me rater" à la figure. Heureusement je me suis abstenu, mais le sommeil a été un peu difficile à trouver, malgré la dose de THC que j'avais encore dans le sang.

Trop de choses, trop d'idées, trop de responsabilités. Trouver de nouvelles sources de revenu pour compenser la perte de mon travail, assurer l'intérim pendant l'absence de mon collaborateur qui skie, continuer d'organiser la suite de mon déménagement malgré le peu de disponibilité de certains, gérer le conflit permanent avec Y., ne pas culpabiliser de n'avoir encore rien dit à mon grand-père, oublier mes frustrations sentimentales et sexuelles... oui, je me plains encore. Ce blog sert à ça, à évacuer toute cette pression que mes larmes cachées n'arrivent plus à éloigner. A dire combien j'ai la frousse de me planter d'avoir fait tout ça pour rien. Combien je m'en veux de voir certains se démener pour moi sans aucune chance de pouvoir faire autant pour eux que ce qu'ils font pour moi. Combien j'ai peur de mettre ma vie quotidienne dans les mains d'inconnus. Combien j'ai peur de vivre, peut-être au fond. Combien je m'en veux de parfois penser des inepties du genre "au fond, c'est pas si mal chez Y.". Combien j'ai hâte d'enfin pouvoir dormir une nuit de vrai repos, sans drogue pour m'endormir et sans 1001 idées débiles qui me tournent en tête quand je ferme les yeux. Combien cette épreuve est dure à traverser seul...

Je sais, je ne suis pas seul. Certains amis sont là de façon presque permanente, à se soucier de moi, et à continuer à m'encourager malgré cette foutue peur qui risque de me paralyser complétement. J'ai l'impression d'avoir fait un trou dans une coquille, et d'avoir la tête qui tourne à cause de l'oxygène que j'ai respiré à grande bouffée. Je me sens paumé. Tout ceci a-t-il un sens ? Vraiment ?

Je vais continuer à essayer de ne pas me poser trop de questions, et à me fier à ma première idée sans la remettre en cause. Je fais ce qui doit être fait. C'est indiscutable et non-négociable.

lundi 3 janvier 2005

Two thousands and five

Bonne année. Je sais, laisser ce blog dans cet état de décrépitude totale est parfaitement honteux. Mais il est le reflet de ma vie, et pour le moment, je continue de vivre comme un zombie, en essayant de ne pas lâcher prise.

L'emménagement se rapproche. Je redoute ce moment, et j'ai pourtant envie qu'il soit passé. Les travaux avancent, M. a fini quasi fini de monter tous les meubles (jeudi avait été une journée bricolage-emménagement, avec le soutien de quelques amis). Restent quelques détails de finition, et tout sera prêt. Avant moi.

Je n'ai toujours rien annoncé à mon grand-père. Je suis un lâche, je sais. Ce n'est pas nouveau.

Plus de boulot, mon associé au ski, trucs urgents à faire mais seul aux commandes. Difficile de se motiver, alors que j'ai encore 20.000 choses en tête, et que je dois organiser, préparer, minuter, négocier, imaginer, improviser, appeler, acheter, rappeler, estimer et rester calme.

Le début de l'année a été fort cinématographique, tout d'abord avec mon amie venue du froid avec qui j'ai passé le réveillon (sans oublier Y. bien entendu), puis hier en compagnie de l'Elu. Les choses ont un peu mal tourné, et je suis encore la raison de querelles intestines pour cause de poids-mort-ite aigüe. Je hais ces situations où un service demandé doit être accompli par un autre volontaire que celui prévu à l'origine parce qu'il m'a laissé tomber. Mais ça arrive. Et ça arrivera encore. La dépendance, c'est aussi accepter de voir ses amis se fâcher à cause soi, même quand on y peut pas grand chose. C'est vrai, j'aurais pu annuler le ciné, et rester avec Y.. Finalement, c'est mon égoïsme le responsable non ?

Bref, les Indestructibles est à conseiller, et Ocean's twelve à voir si on a rien d'autre à foutre...

Je m'en vais retourner vaquer à mes tortures mentales et morales. Je reviens vite, promis.


Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...