samedi 26 février 2005

Au fil des jours

Les jours passent, la tranquilité s'installe, la nouvelle routine prend possession de cette vie tant désirée pour en faire quelque chose d'original, gai et parfois insolite.

Bridge est venue assouvir ses instincts bassements kitchs sur mon système, et nous a fait découvrir quelques merveilles auditives. Entre le beau (mais oublié) Johnny Logan, le charme slave d'un "I can Boogie" décapant et la recherche effrénée d'une reprise de Sheila avec Ringo faisant les coeurs, nous avons passé de merveilleux moments complétement déjantés accompagnés d'un petit vin rouge comme je les aime.

Les activités professionnelles vont bon train, et après un nouveau jeu dédié aux amateurs de bière, je me suis (re)lancé à corps perdu dans les statistiques fonctionnariales égayées par quelques graphiques (au camembert et aux petits bâtons colorés) sans aucun sens véritable. Quoi de plus exténuant que de programmer des choses inutiles ? J'ai la réponse. Programmer des choses inutiles ET stupides. Mais les nécessités étant ce qu'elles sont, ce travail que je qualifierais d'alimentaire est quand-même le bienvenu.

Hier première "sortie" entre potes dans le carré, avec moi seul aux commandes. Plus d'agoraphobie en vue, la chaise électronique faisant l'effet d'un éléphant dans un magasin de porcelaine au milieu de tous ces gens entassés pour vider leurs hectolitres de bière hebdomadaires. Je me suis limité, je conduisais pour le retour. Je sais, je dois encore être un peu moins raisonnable. Je me suis quand-même laissé entraîner jusqu'au bout de la nuit par mes deux comparses de toujours (le futé et le looping), malgré l'arrivée matinale de mon infirmière préférée pour la douche du samedi. Une amitié est en train de naître, et les confidences changent peu à peu notre relation vers quelque chose qui fait tomber toutes les appréhensions que je pouvais avoir de mettre mon confort quotidien dans la main d'inconnus. Ces inconnus deviennent connus, et la confiance qui s'installe remplace avantageusement la mortelle dépendance que j'avais envers Y..

Le seul côté négatif de tout cela est que je manque encore de temps pour moi, et que mes glandages mémorables dans mon ancien boulot me manquent. Ma vie sociale était grandement liée à tout ce temps que je me ménageais égoïstement, et que je ne peux plus avoir maintenant. Les idées s'éclaircissent. Les causes, les buts et les conséquences du magma chaotique dans lequel j'ai plongé la tête la première deviennent plus évidents à présent. Et non, rien de rien, je ne regrette rien...

samedi 19 février 2005

I had a dream...

"Me voyant sans exigence, on me croyait sans besoins."
Jacques Brel


Oui, je suis toujours en vie. Croyez bien que je suis aussi désolé que vous de ne plus avoir le temps d'écrire. Ce n'est pas l'envie qui me manque pourtant. Quoi ? Quand on veut on peut ? Oui je sais... mais maintenant que je dois gérer seul ma vie, raconter ma vie sordide d'une façon romanesque et baroque n'est plus une priorité absolue. Manger, boire, dormir, me sentir bien, et essayer de trouver ma moitié (si elle est aussi tordue que moi, ça me promet encore bien du plaisir...) sont des nécessités impératives. Malgré tout, je meurs d'envie de vous faire part de mes dernières réflexions introspectives, donc je vais tenter de n'omettre aucun détail important.

Le week-end passé fut un peu semblable à ces nouveaux week-ends qui jalonnent ma nouvelle vie. Samedi en compagnie de ma Clochette préférée pour faire mon devoir de gentil consommateur, donc dévalisage de grand magasin. Dimanche j'avais pris de bonnes résolutions, alors j'ai quand-même réussi à un peu travailler pour ratrapper le retard pharaonique accumulé depuis mon déménagement.

La semaine a été fort préoccupante, ma transformation-fusion interne avec moi-même allant bon train. Je me suis rendu compte que mon moi refoulé depuis longtemps (depuis les traumatismes liés à mes opérations, celles qui m'ont "rendu" handicapé) refaisait surface. C'est lui, mon côté sombre. Ce petit garçon qui n'a jamais compris pourquoi on a bouleversé sa vie, pourquoi il a du souffrir, pourquoi il a du changer ce qu'il était, pourquoi personne n'a essayé de le comprendre. C'est lui qui me taquine, qui me pousse à redevenir lui-moi. Je sais, mes délires psychanalytiques ne sont pas toujours d'un grand intérêt... mais je me soigne...

Lundi soir était un moment privilégié pour tous les amoureux-consommateurs que nous sommes, et je m'étais planifié un joli moment avec ma Mrs Underwood préférée. Tout était idéal, le moment, le lieu, l'intimité, la longue attente... et puis finalement non. Le grand Valentin a décidé de me mettre une grosse tarte dans la gueule, pour me punir de mon impudence. Non mais, j'allais pas avoir droit à de la tendresse quand-même !? C'aurait été trop beau... Par je ne sais quel mauvais tour de sorcellerie, ma tendre amie s'est transformée en Reine du Froid, épouvantable mégère toute de glace vêtue. Je n'étais pas en état de combattre pour récupérer celle que j'aimais. J'ai été lâche, et j'ai préféré la laisser s'enfuir loin de moi... peut-être à jamais... comment peut-on en arriver à se faire du mal alors qu'on ne voulait que se faire du bien ?

Un autre combat est en cours également, celui contre la tétine à cancer. J'ai été crier sur tous les toits que j'arrêtais de fumer à 30 ans, donc il était temps de commencer à réduire la consommation quotidienne. Je ne fume plus en journée, chez mon collègue. De toute façon, le travail m'absorbe tellement que je ne me rend même pas compte du manque... de tous ceux qui m'obsèdent pour l'instant, le manque de nicotine est de loin un moindre mal.

Mercredi à la maison. Seul. J'aurais du travailler comme un acharné. Et je me suis encore laissé aller à traînailler sur des sites de rencontre, errant à la recherche d'une tendre partenaire sans grand espoir que les yeux d'une gentille fille se posent sur moi... je n'arrive pas à faire concorder le moi sage, calme, serein et heureux d'être là avec le moi sombre et instinctif qui m'a fourni toute l'énergie et l'acharnement nécessaires à l'accomplissement de mes projets avec une seule obsession en tête : enfin avoir un chez moi pour me délurer et recevoir les montagnes de tendresse qu'il exige de plus en plus violemment. La tempête fait rage en moi, il n'y a plus de raisons de le faire taire, ce petit bonhomme frustré de ces années de convenabilité. La porte de sa prison s'est ouverte, et il pleure de rage car il n'ose pas la franchir seul... Quelques mots de réconfort d'amis sincères ont pu le calmer et m'aider à me rendre compte de la situation. Je ne dois plus me contenir, faire semblant, et accepter l'innaceptable. Je dois me laisser aller à mes envies instinctives sans les freiner. Difficile.

Jeudi et vendredi sous le signe du boulot et de la journée de labeur durement accompli. Les oublis commencent à se multiplier, la désorganisation s'installe et j'ai envie de regretter le temps maudit où cette chère Y. me permettait d'avoir le cerveau vidé de toute contrainte quotidienne liée à la survie. Mais n'ayant d'autre choix que d'apprendre à m'en sortir seul, je fais face stoïquement. J'ai même réussi à passer 24h sans gsm faute d'avoir vérifié que je ne l'avais pas oublié dans la voiture au retour de chez mon père jeudi soir. Et finalement, ce n'est pas grave. Rien n'est grave, puisque je suis toujours là, un demi-sourire permanent collé au coin des lèvres, et cette putain d'envie de vivre qui me tenaille toujours les tripes.

Je ne sais pas quand je reviendrai. Le plus vite possible. Dès que mon planning sera établi et que j'arriverai à me trouver des moments pour mon plaisir, je ne manquerai pas de revenir conter mes tribulations épiquement banales. Ca me manque. Vous me manquez. Ma vie virtuelle faite de discussions interminables sur le sens de la vie me manque. Je dois lui trouver une place, et rapidement. Mais chaque chose en son temps. Mon confort de vie est prioritaire, et j'ai encore beaucoup d'heures de sommeil à ratrapper...

samedi 12 février 2005

Fix needed

Je suis en manque. En manque de temps, de sommeil et de tendresse. De temps pour moi. Pouvoir me faire plaisir, flâner, traînasser, glander... J'ai même l'impression que l'inspiration me manque. Je n'ai pas envie de raconter ici toutes les prises de tête liées à ma nouvelle vie. Je pensais avoir moins de contraintes, être libre. Je me suis gentiment enchaîné de mes convictions profondes, pensant que le confort était accessoire. Même s'il l'est, en manquer dans les domaines où j'avais l'habitude de me vautrer fait tout bizarre.

Tel Louis le vampire lorsqu'il a quitté son humanité pour devenir une créature de la nuit, les souvenir de ma vie passée me hantent, et je ne sais pas quel genre de personne je vais devenir. Je me croyais bordélique, et je me découvre une passion pour le rangement. Je me croyais solide, pouvant m'adapter à n'importe quelle situation, et je me trouve bien trop fragile et conditionné par les années passées avec Y.. Je me rend compte maintenant, malgré mon faible recul, que j'ai vécu un enfer durant des années. Maltraitance est un bien grand mot pour ce que j'ai subi, mais il va dans le sens de ce que je veux exprimer. Je n'ai jamais existé en tant qu'être à part entière. Je n'ai été que le justificatif de sa dépression.

Du côté des choses positives, j'ai retrouvé ma chaise robocop. Cool. Et aussi, j'apprend à apprécier le dévouement des gens qui s'occupent de moi. Des sourires, des attentions, des initiatives parfois surprenantes. Ma transformation doit passer par l'acceptation de mon état d'assisté. Arrêter de vouloir être un surhomme. Je peux déjà être fier de moi, je crois. J'ai accompli de grandes choses. J'ai tenu mes engagements avec moi-même. Il est temps d'arrêter de chasser mon côté sombre qui refait surface depuis quelques jours. Etre amical avec lui, l'accepter comme il est, m'accepter comme je suis. Oublier la honte, la démotivation, le désespoir et les tendances suicidaires qu'il aime tant. Fusionner avec lui, l'intégrer à moi, et le satisfaire. Malgré tout ce que j'ai pensé longtemps, je suis bien un être humain. Tout nu. Avec ses forces, et ses faiblesses. Ses envies démesurées, ses besoins naturels à satisfaire, ses droits légitimes.

Faisons la paix, et repartons ensemble en quête d'une volontaire et/ou cinglée avec qui la partager, cette nouvelle vie hors du commun...

lundi 7 février 2005

RRRrrrr !

C'était à prévoir, tout ne pouvait pas continuer à aller comme sur des roulettes (sans mauvais jeu de mots). Je ne peux pas trouver l'équilibre parfait à ma nouvelle vie du premier coup, sans connaître quelques déboires. Même si je me dois de relativiser, et de continuer à apprécier les changements radicaux, quelques petites fausses notes m'emmerdent profondément, et je me dois de vous en faire part tel un hurlement primaire bigardesque salvateur :

- le manque de sommeil provoqué par le nouveau planning et la nouvelle liberté est assez pénible. Fini les grasses mat', le dimanche je suis debout à 8h30 pour cause de gentille (et parfois jolie) infirmière qui vient m'arracher aux bras du doux Morphée. A régler au plus vite sous peine de me transformer en zombie à roulettes.

- traînasser sous la douche chaude me manque cruellement. Moi qui ai toujours adoré les jeux aquatiques, prendre mon temps, ressentir les bienfaits aqueux par chaque pore de ma couenne poilue... plus rien de tout ça. Montre en main, je reste 7 minutes sous l'eau chaude, juste le temps de me mouiller et de me rincer correctement. Prévoir une cure de thalasso (si quelqu'un connaît une station disposée à m'accueillir, qu'il me prévienne) pour les mois à venir.

- je suis passé du mode robocop au mode murphy, puisque ma chaise électronique a pété un câble. La dernière fausse manoeuvre dans la porte des WC lui a été fatale, et j'ai du passer la journée d'hier dans ma chaise manuelle. Dur dur l'exercice physique obligatoire, j'ai l'impression d'avoir perdu l'épreuve de confort. La liberté s'amenuise, il faut absolument que P. trouve le bon câble et le remplace ce soir...

Heureusement, l'Elu et D. sont venus me rejoindre hier pour un vrai dimanche soir comme au bon vieux temps, entre pasta bolognèse et THC, entrecoupé de rires loufoques sur le remake de Starsky et Hutch. A refaire d'urgence, excellent pour le moral.

Sur ce, je me dois de vous laisser, je suis chez mon collaborateur et je renâcle lâchement devant les tâches à accomplir d'urgence pour continuer d'assurer notre future vie de milliardaires.

samedi 5 février 2005

Bifi

Putain de temps. Toujours à en manquer pour faire l'essentiel, et continuer mon histoire.

Le quotidien devient mon quotidien, et la vie semble me sourire tendrement comme si elle voulait mon bonheur. Je trouve enfin MA place dans ce grand chambardement, et c'est exquis.

Ma visite hebdomadaire chez Y. fut un peu courte, mais j'essayerai de faire mieux la prochaine fois. Bridge, l'Elu et sa compagne m'attendaient pour un savoureux repas un peu (trop ?) arrosé, qui nous a remémoré nos belles vacances. De l'avis général, je dois me lâcher et arrêter d'être trop raisonnable. Je m'y attèle, même si les conditionnements gravés par Y. dans mon subconscient ont la vie dure. J'arrive presque à aller aux toilettes quand j'en ai besoin et pas quand ça dérange le moins possible. Ca viendra, j'en suis sûr.

Jeudi, journée à la capitale en mode consultant-expert-sauveur-à roulettes, puis soirée un peu inhabituelle en compagnie d'une ancienne collègue et de son époux. Concerts Rock Hardcore dans un ancien boui-boui, ambiance pogotée, hurlements sauvages, jeux de lumière effervescents, blanc-coca à gogo et cigarettes fluos sous les néons. Sympa. J'aime la musique, toutes les musiques, et il faut vraiment être très très mauvais pour que je sois déçu. L'énergie dégagée par ces chanteurs gueulards m'a un peu atteint, et je me suis presque pris pour un de ces jeunes rebelles aux cheveux longs qui marchent sur leurs pantalons quand j'ai bougé ma petite tête en suivant le rythme. La présence de mon cousin le percé a rajouté à l'ambiance surréaliste, et à l'alcool qui aurait voulu couler à flot. Je dis bien aurait voulu car je reste trop sage, et je n'ai pu me résoudre à me prendre une bitûre et à rentrer à 4h du mat' complétement déchiré. Je suis rentré avant minuit, et j'ai particulièrement apprécié de pouvoir rentrer chez moi à pied en 10 minutes.

Le lendemain matin fut un peu dur, et le départ pour la capitale rapide. Je n'ai pu m'empêcher de fermer les yeux durant le trajet, et dormir 4 ou 5 fois 2 minutes. Elle est fatiguante ma nouvelle vie. Surtout quand les fonctionnaires que je suis sensé coacher font ce que je n'oserais jamais faire, et invoquent une panne de réveil quasi généralisée sur le service pour expliquer leur arrivée tardive. Ce ministère est un trou noir d'énergie négative : il suffit que j'arrive à l'heure, motivé pour faire plein de choses et bosser comme un fou pour qu'ils me cassent le moral au bout de 20 minutes, relatant l'inutilité de leur présence, de leur travail, du stress et de la productivité. Je serai convaincu le jour où je les verrai heureux de végéter comme ils le font, au lieu de se plaindre de la pluie dehors et de la date encore trop éloignée des prochaines vacances.

Embouteillages au retour, et nous prenons l'initiative de sortir pour trouver un truc à manger. Il n'y avait qu'un resto chinois à proximité, et c'est le sourire aux lèvres que nous nous voyons contraints de déguster à notre aise ce qui nous plaît le plus sur cette carte aussi démesurée que le pays d'origine des jolies serveuses.

A mon retour, je repasse en mode Bruce Willis pour sauver mon ami canadien du suicide qu'il voulait s'infliger à cause des problèmes à répétition de son serveur mail bon marché. Après m'être mis en tenue relax pour la première fois chez moi (sympa le tshirt-slip-chaussettes quand on est seul), je me suis fumé un bon pétard relaxant pour évacuer tout ce stress, et j'ai terminé la soirée une fois de plus à la recherche d'une volontaire pour un délire...

M. va arriver, les courses doivent être faites. Je ne me lasse pas de cette nouvelle vie. Vraiment. Soyez heureux, n'attendez plus, ça vaut le coup...

mardi 1 février 2005

Assis sous un arbre...

Je pensais intituler ce post "qu'on est bien chez soi" ou bien "au bonheur retrouvé". Parce que putain, que c'est bon d'être chez SOI, de ne plus avoir de comptes à rendre, de pouvoir se déplacer seul, manger ce qu'on veut quand on veut, regarder ce qu'on veut quand on veut, mater des films de cul avec du son (grande découverte, moi qui ai toujours pensé que Roberto Malone était une sorte de héros actuel du cinéma muet des temps modernes), prendre des douches à mon bon gré, rester tard seul sur le net pour des rencontres coquines qui se terminent en bide (mais je m'en fous), sortir, bouger, vivre.

Les petites contraintes du quotidien ne sont rien. Absolument rien par rapport à la quiétude que j'ai trouvé dans ces 37m² agencés ingénieusement. Plus de coups de gueule au réveil. Plus de coups de gueule au coucher. Digestion tranquille. Clopes paisibles. Volume sonore adéquat (quel est l'intérêt d'écouter le best of de Police au minimum ?). Bref, que du bonheur.

En passant, bon anniversaire, petite Clochette...

Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...