jeudi 29 novembre 2007

Blacktooth is dead

Je la regarde m'attendre patiemment, tandis que la dentiste rabote ma dent foutue depuis des lustres à grand coups de fraise. Scéne surréaliste, tout le monde sourit sauf moi, la gueule béante et la bave aspirée minutieusement par le petit cousin de Dyson. Du sang sur les gants chirurgicaux, l'impression d'être dans un remake de Hostel pour bisounours. Trop étrange.

Tout avait commencé sur les chapeaux de roue, puisqu'après une panne express de serveur nous partîmes dans le frimas glacé à la rencontre d'un destin digne d'un vainqueur de koh-lanta. Entre les trottoirs défoncés, les voies rapides bondées et les ponts-de-singe-en-pavé-pour-chaise-roulante, les décharges d'adrénaline étaient telles que ma douce me sentait tendu sans même me toucher. Arrivée dans la petite clinique (toutefois un peu glauque), rencontre avec ma future bourreau, jolie et sympathique même si plutôt du genre taiseuse... en avant pour la séance de torture...

[ C E N S U R E ]

...
C'est après avoir quitté le cabinet de la gentille dentiste que j'ai enfin compris d'où cette peur panique me venait. Pourquoi je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, obnubilé par des personnages en blouse blanche tachée parcimonieusement d'hémoglobine séchée, armés de tenailles format XXL et un sourire de carnassiers hyéneux au bout des lèvres. Pourquoi j'ai accepté l'inacceptable, une fois de plus, pendant toutes ces années, sans aucune vraie raison valable. La dégradation, l'humiliation, la gène et le mépris dans les yeux de mes amis...

Besoin d'en parler avec ma nouvelle moitié, de vider ce sac rempli de merde au fil des années, d'expliquer pourquoi j'ai été victime de la guérilla psychologique d'Y., qui diffusait insidieusement sa propagande dépressive sur mon esprit malléable d'ado presque innocent. Déjà trois ans que le cordon a été coupé avec violence, et les traces de son emprise sur ma vie sont toujours là. Mon seul vrai handicap dans la vie n'aurait-il pas été cette mère incapable d'être vivante ?

mardi 6 novembre 2007

La fille du dragon

Eternité est l'anagramme d'étreinte.
Henry de Montherlant
Sujet difficile, et à la fois plaisant. Une envie d'exprimer cette flamme subtile et délicieuse qui me réchauffe tout de l'intérieur, un besoin de diffuser ce bien-être infini pour ne pas suffoquer. La conquête de la frêle jeune fille qui partageât ma couche il y a quelques temps déjà s'est terminée par une reddition sans condition de mes légions à ses pieds. Le fier guerrier en a fini de se battre pour lui seul, il peut désormais partager sa force et son expérience avec celle qui lui semble connaître depuis toujours.
Entre délires schizophrènes et fusion énergétique, notre relation trouve son unicité dans ce partage inné de ce que nous sommes. Notre passé nous rapproche d'une manière étonnante. Je lutte contre cette envie de hurler tout ce bonheur et de le garder rien que pour moi.
Tout est remis en question. Les vieilles habitudes qu'il faut perdre, l'identité qu'il faut redéfinir. Penser à deux, accepter de dévoiler mon quotidien parfois sordide à cause de mon état, sentir la chaleur de sa main avant de m'endormir le soir... Je suis solidement secoué, je dois l'avouer. Je n'imaginais pas tout cela possible, tout simplement. S'accorder à ce point avec quelqu'un d'une façon si naturelle, j'étais persuadé que ce n'était qu'un nième plan marketing pour célibataires débiles gavés de productions américaines. La vérité, c'est que non seulement ça existe, mais qu'en plus j'y ai droit...
Je vais donc continuer à vivre cet étrange voyage avec sa petite main au creux de la mienne, en espérant que nos forces réunies suffiront à contrer les obstacles que le destin capricieux aime tant placer sur notre chemin. Mais je ne doute pas. Je ne doute plus. Puisqu'elle est là...

Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...