mercredi 1 février 2006

Sightseeing

Est-ce normal de se sentir coupable d'être bien dans sa peau, quand certains êtres chers autour de vous galèrent ? Le bonheur tient à si peu de choses... on a écrit tant de choses à son sujet, les gens passent leur vie à le chercher ou à pleurer son absence... pourquoi est-il si facile pour moi de positiver et de ne plus sombrer comme par le passé, alors que d'autres chutent à longueur de vie ?

Je pense que tout ça est essentiellement un problème de point de vue. Si on regarde la vie sous un mauvais angle, c'est fichu. Tout le secret du positivisme qui m'habite est de pouvoir changer de regard, et de ne plus voir que des bouteilles quand-même pleine même si elles sont presque vides.

Soyons réalistes. J'ai 30 ans. Je suis atteint d'une maladie génétique neuromusculaire dégénérative. J'ai besoin d'aide pour la plupart des gestes du quotidien. Je suis dans une situation financière à la limite de la précarité. J'en arrive à douter de l'existence d'une quelconque Princesse Charmante qui aurait envie de se taper le petit frère de Quasimodo. Mes parents sont complétement barges, et je suis la cause du mal-être qui ronge ma mère depuis 30 ans. Je bosse trop par rapport à ce que ça me rapporte, je n'ai pas de temps à moi, j'arbore un léger excès pondéral, je fume presque un paquet de clopes par jour.

Ca c'est un côté de la médaille...

Restons réalistes. Je n'ai QUE 30 ans. Ma maladie a été une chance car elle m'a permis d'évoluer et de m'ouvrir aux monde et aux autres êtres humains d'une façon hors-norme. J'ai une quasi-liberté totale depuis un peu plus d'un an, grâce à l'apprentissage du fauteuil électrique, au soutien inconditionnel de mes amis, et à cette putain d'envie de vivre qui m'habite. J'ai un métier, contrairement à tous mes voisins. De plus, c'est un métier que j'adore, qui me passionne, et qui ne me fait pas dire tous les matins "pfff j'ai pas envie d'y aller". Je construis des choses avec mon esprit tortueux, je leur donne vie à travers l'Internet, et je solutionne des problèmes réels avec du virtuel. J'ai conscience de ma place dans le monde, j'aime les gens (que je crois bons de façon innée), j'aime la vie, j'ai envie de faire bouger les choses. Je peux communiquer avec le monde entier grâce au Net, il me permet de rencontrer de jeunes jouvencelles, de faire de nouvelles rencontres, de voir du monde, d'intéragir avec l'univers. Je suis au régime, ça me donne une énergie dingue, et je vais arrêter la clope.

Voilà. Comme toujours, il y a plusieurs points de vue. Je pourrais aussi parler des problèmes Oedipiens avec Y., ou des relations avec mes amis. Il y a du bon et du mauvais en tout. Tant que la peur n'est pas là pour nous paralyser, nous sommes toujours libres de choisir comment voir le monde, la vie et nous-même.

Le bonheur, c'est simplement décider de façon ferme et définitive de pouvoir changer son regard. On peut attendre demain, attendre de gagner à la lotterie, attendre d'avoir trouvé l'Amour, ou encore trouver 10.000 autres raisons pour ne pas changer son regard. Ou bien on peut décider de vivre sa vie ici et maintenant.

Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...