dimanche 22 juin 2008

Big Rabbit R.I.P.

Il est des moments dans la vie qui restent gravés à tout jamais dans la mémoire; de ces moments éternels qui font d'une existence quelque chose d'unique, et auxquels on est fier d'avoir participé de près ou de loin. Après les réunions clandestines, l'organisation efficace et les contacts bien utiles de certains, le grand jour était arrivé : nous allions pouvoir enterrer sa vie de jeune homme, brûler sa culotte et tenter bon gré mal gré de le faire changer d'avis avant la corde au cou. Ce moment était aussi important pour moi car il est le premier de mes (très) proches à sauter le pas, et à s'engager vers un changement irrémédiable de son statut de célibataire.

Malgré tous nos efforts pour le surprendre et le déstabiliser (généralement avec un peu d'alcool l'esprit devient plus malléable et les tortionnaires bien plus efficaces), nous n'avons pu enlever le sourire béat de sa face illuminée par la joie de nous voir (presque) tous autour de lui pour cette tradition séculaire. Au lieu de se mettre à râler, à supplier, et à pleurer, il a tout bonnement répondu à chacune de nos injonctions avec engouement. Pire, après quelques pils promptement descendues, nous n'arrivions plus à le suivre dans sa course effrénée aux bisous, et de gentils toutous ont également du subir son trop plein d'amour exacerbé. Même le costume de gros lapin dont nous l'avions affublé lui allait à ravir, et il était content de se transformer en rongeur aux longues oreilles pour la durée de l'évènement.

Sa surprise fut tout de même totale lorsque nous arrivâmes au lieu de réunion tenu secret, où ses amis musiciens l'attendaient pour un boeuf (-carotte) de derrière les fagots (de foin). Rock and chopes à gogo, merguez croustillantes et ketchup curry, tous les éléments d'un barbec réussi. Moments subtils et émouvants lors de la reprise du thème de la journée, le lapin tuant le coiffeur et la touchante déclaration d'amitié qui en suivit. Fin de soirée, autour du feu crépitant sous la lune scintillante parmis les rares nuages, le calme des champs alentours et le souvenir cet instant où plus rien d'autre ne comptait que d'être là. On passera sous silence la mise au lit pittoresque, les différents styles de campeurs (du boy-scout surentraîné en passant par le vétéran de guerre surentraîné pour arriver aux YMCA), les bruits insolites et les fous-rires dignes d'une première nuit blanche à la colo.

Je dus m'éclipser le lendemain, car le reste des activités étaient ma foi trop périlleuses pour moi, j'avais déjà eu ma part de sensations fortes lors du portage de chaise en terrain de construction. J'ai donc comaté au parc, profitant du peu de soleil qu'il restait et de la guitare des Floyds que j'ai de plus en plus de mal à ne pas écouter pour me détendre.

Demain le temps reprend son cours, la parenthèse se ferme et nous reprenons chacun le chemin de nos vies. Le prochain rendez-vous est pris, et je ne doute pas que cette fois, tout le monde sera présent pour fêter dignement ce qui doit l'être. Plus le temps passe et plus je prend conscience de l'importance qu'a l'amitié dans ma vie. Et j'en suis fier.

dimanche 1 juin 2008

Comfortably numb

Déjà plus d’un an qu’il nous a quitté maintenant. Je pense souvent à lui. Surtout dans des moments comme cet après-midi, lorsque je suis seul avec moi-même à arpenter les bords de Meuse. Cet amour de la ballade, c’est à lui que je le dois. Il m’emmenait partout, nous allions explorer les alentours de la maison, des petits chemins de terre aux routes nouvellement asphaltées, des lieux-dits aux endroits remplis de ses souvenirs de guerre. La chaise n’a jamais été un problème, on faisait du tout-terrain, et parfois on se faisait engueuler en ramenant des tonnes de boue à la maison. Il me manque.

J’ai entrepris de vider sa maison, puisque Y. n’a toujours rien daigné faire. Je me rend compte de plus en plus que la guerre n’est pas terminée avec elle. Au mieux nous sommes-nous retranchés chacun dans notre camp, le temps d’apprécier nos nouvelles positions et de panser nos plaies. Mais si je veux terminer la conquête commencée il y a trois ans, il va falloir reprendre les armes. Etre libre, ne plus me sentir à ce point obligé de prendre soin d’elle malgré tout le mal qu’elle se donne pour ralentir dans ma vie. Lui asséner quelques vérités bien ruminées, lui expliquer que je n’ai pas à la traîner derrière moi comme un boulet en plus de mon handicap. Si je lui dois assistance en cas de coup dur, elle n’a pas le droit de me racketter, de profiter du fruit de mon dur labeur, et surtout de tout laisser aller à n’importe quoi.

Si j’ai ouvert les yeux, c’est parce que je continue ma petite (r)évolution. De nouvelles rencontres, de nouvelles blessures à mon petit cœur trop mou et de nouveaux points de vue féminins sur ma modeste personne. Emballage, déballage, jetage et rabibochage, telle est la dure loi de la rencontre internetienne. Peut-être me faut-il définir de nouveaux objectifs relationnels, pour ne pas que chaque rateau se transforme en drame shakespearien en 3 actes. Apprécier la séduction pour ce qu’elle est, découvrir de nouvelles formes de plaisirs intellectuels pour compenser ceux que je n’arrive pas à fournir à mon corps, faute de partenaires entreprenantes. Cesser de culpabiliser outre-mesure, penser aussi à moi avant de m’interdire quoi que ce soit en songeant aux conséquences. Le passé est derrière, le futur est devant et surtout seul le présent compte. Flanqué d’une nouvelle conseillère ès-stratégie, prendre confiance en moi et oublier cette putain de chaise.

Les vacances s’organisent, ça ne sera pas du luxe. Je lorgne vers les pays bordant la Mer Noire tout en essayant de recruter des aides de camp pour un nouveau festival rock à l’affiche aguicheuse. Qui m’aime me suive ! Pas tous à la fois, s’il vous plaît…

Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...