lundi 20 mars 2006

Hulk Hogan

Je me disais aussi qu'il y avait un peu trop de calme dans ma vie pour le moment. Ca allait pas durer. Mais franchement, là c'est le genre de remue-ménage dont je me passerais avec plaisir.

Y. est à l'hosto. Ses nombreuses années d'auto-énervement et ses ulcers à répétition ont forcément donné lieu à des complications. Et comme elle est totalement irresponsable (ça c'est pas vraiment nouveau), elle a laissé son ulcer qui s'était rouvert saigner 4 jours durant. Quand le médecin a vu à quel taux d'anémie elle était arrivée, elle l'a embarqué aux urgences manu militari.

Or donc, une fois de plus, c'est à moi d'assumer sa bêtise. A moi d'aller voir le chien, à mes amis d'aller le sortir au moins 1 fois par jour, de fouiller ses armoires pour y trouver les choses dont elle dit avoir besoin, au milieu du brol innomable savamment accumulé pendant des années de surconsumérisme irresponsable, et à moi d'aller la voir pour lui apporter son dû.

Les odeurs de détergent d'hôpital me donnant facilement la nausée à cause de mes longs séjours forcés dans ces lieux inhospitaliers, j'ai vainement tenté d'écourter mes visites. Les deux premiers jours j'ai trouvé un chauffeur désigné d'office sans trop de mal, il en a été autrement du sacro-saint jour de repos dominical.

N'écoutant que ma bravoure et mon devoir de fils, j'ai donc du, accompagné de mon éternelle complice à roulettes (je parle de G. ma voisine, bien sûr), je me résolus donc à parcourir les monts et les vaux me séparant de l'établissement sanitaire où Y. était en convalescence forcée. J'aime bien les cartes, mais j'ai jamais été très doué avec elles. Une fois de plus j'ai cru prendre un raccourci, et nous nous trouvâmes tels Bilbo et ses compagnons d'infortunes face à la Montagne du Destin. Comme si je n'avais pas encore escaladé assez de passerelles le week-end dernier, nous voici devant un obstacle quasi infranchissable : la rue Monulphe. Je ne sais pas qui était ce Monulphe (une brêve recherche dans mon encyclopédie en ligne préférée me dit tout de même qu'il s'agissait d'un Évêque de Tongres-Maastricht de 549 à 588), ni pourquoi une impasse pentue de la sorte portait son nom, mais cela restera pour moi un souvenir équivalent à l'Himalaya ou au K2.

Je me crus un moment dans une histoire vraie, accoutré de ma chemise à carreaux de bûcheron et de mon bonnet Saharien, ayant pour seul moyen de locomotion ma poussive rossinante digne d'une vieille tondeuse. Le destin ayant bien compris l'état d'esprit du moment, il nous fit croiser une jeune fille qui nous aida courageusement lors de la périeuse escalade, armée de toute la compassion dont elle pouvait faire preuve.

Arrivés au sommet, nos routes se quittèrent et nous reprîmes notre périple citadin à travers les carrefours déserts et les routes bitumées et délavées. C'est sans encombre que nous avons atteint notre destination, et que je pus enfin présenter ma compagnonne d'infortune à ma chère et tendre mère. J'espère qu'elle me pardonnera un jour de lui avoir fait subir cela, ce n'est jamais agréable de devoir faire bonne figure devant Y. au mieux de sa forme.

Après une rapide pause-clope, nous décidâmes de choisir un autre itinéraire pour le retour, le long des murailles d'enceinte de notre vieille Cité Ardente pour rejoindre son majestueux (et moyen-âgeux) Palais de Justice. C'est avec une certaine nonchalance que nous traversâmes les quartiers de mon adolescence (c'est là que je fis mes études secondaires), au milieu de la population métissée et bigarrée que j'apprécie tant. Si tous les New-Yorkais nés dans le Bronx l'aiment tant, il en est de même pour moi et cette vieille Marguerite, qui plus est depuis les récents travaux de voirie qui me permettent maintenant d'arpenter les trottoirs rabaissés sans plus aucun souci d'accessibilité.

Nous nous quittâmes pour la pizza du soir, que je partageai avec mes amis de longue date à qui je narrai sans omettre aucun détail sordide la visite faite à Y.

Quitte à me répéter, j'aimerais en profiter pour réhitérer mes remerciements à ceux qui se dévouent aimablement à ne pas faire de moi un fils indigne, puisque je reste convaincu que ce ne sera jamais elle qui leur dira merci...

lundi 13 mars 2006

Runaway train

Or donc, je devais rejoindre la capitale pour passer un peu de temps avec mon amie venu du froid qui se voyait dans l'impossibilité de se déplacer jusqu'à moi pour cause de fracture externe de la malléole... J'avais décidé, probablement par peur de ne pas m'en sortir seul, de demander à ma charmante voisine de m'accompagner dans mon épopée ferroviaire, elle qui est une habituée des transports en commun.

Après une petite grasse matinée bien méritée clôturant une éreintante semaine, je me lève déjà envahi par l'adrénalyne. Il faut appeler la gare, finir de me préparer et déjeuner en vitesse. Le numéro qu'elle m'a filé ne répond pas. Chiotte. Peu importe, je finis de me raser en l'attendant.

J'avais choisi ce week-end pour partir parce qu'au départ la météo devait être clémente. Hum. Adieu rêves de chaleur, la neige se met carrément à tomber lorsque nous prenons le départ. Un quart d'heure et quelques trottoirs-obstacles plus loin, nous arrivons à Liège Guillemins, et nous entrons par une porte dérobée dont elle seule a connaissance. Nous arrivons directement au service de frêt, et apparemment elle connaît bien le responsable puisqu'ils se tutoyent. Le temps d'enfiler son joli gilet jaune réfléchissant, et nous voilà partis dans les entrailles souterraines du complexe ferroviaire. Je me crois un moment dans le second niveau de Max Payne, les flingues, les terroristes et les ralentis matrixiens en moins. Et puis surtout, le jeu vidéo a cela de bien qu'il épargne nos narines. Difficile de ne pas tenir compte des odeurs de pisse écoeurantes, puisque le monte-charge semble être l'endroit que les toxicos du coin prennent pour leur latrines.

Arrivée sur le quai. Brrr. Décidément, le froid ne m'aide pas à calmer mes tremblements nerveux. Séance de slalom sur le quai entre les poteaux et les clients de la SNCB qui attendent leur correspondance. Il est vieux ce quai. Et puis par endroit, il est fort pentu. Je mord sur ma chique et arrive au bout de la gare, où nous attend la passerelle d'embarquement. Bizarre ce truc. Comment ça marche ? Vous êtes sûr, on va pouvoir passer là-dessus ? Ca va tenir ? Oui, ok, ma gueule. Non mais je demande, c'est tout...

Le train arrive, et tel un Fremen cherchant à chevaucher son ver des sables, l'ouvrier déplie en quelques secondes la passerelle qui nous permettra de passer du quai au wagon. Waw. Non mais vous êtes sûr là ? Parce que ça a pas l'air solide vot' truc... Ah ma voisine est déjà rentrée ? Bon, ben à mon tour... Waw, quelle pente. J'ai jamais escaladé un truc pareil avec mon fauteuil électrique, moi. Mais bon apparemment, c'est faisable. A peine ai-je passé la porte qu'il retire le pont-levis mobile et que la porte se referme. Putain quelle chaleur dans ce train ! Et moi qui ai mis ma grosse veste à cause de la neige, me voilà condamné à 50 minutes de sauna...

Je suis ma comparse dans un étroit couloir (attention à ne pas tomber dans le trou de l'escalier de la porte), c'est calculé au demi-centimètre près ce truc... Nous prenons place dans un wagon désert, deux sièges ont été enlevés pour nous. Oups ça démarre. Je me remémore péniblement un épisode Liège-Arlon en omnibus et en chaise manuelle, c'était du sport, ça. Ici, je suis dans mon tank, je ne risque rien... du moins je l'espère...

Elle m'a dit qu'il y avait peu de chances qu'on nous demande nos billets... donc on en a pas acheté... et effectivement, le gentil contrôleur nous demande où on descend, mais ne s'embarasse pas de détails administratifs superflus. Il revient quelques minutes plus tard, et nous explique avec son charmant accent flamand que nous ne pourrons pas descendre à Bruseel Centraal, alors descendons nous à Brussel Noord ou Brussel Zuid ? Euh... J'ai toujours aimé les vikings, la gare du Nord fera l'affaire...

Oups, on arrive. Vite, repassage dans l'étroit couloir, évitage du trou-qui-tue, et oh, surprise, une autre passerelle... à Liège y'avait une plate-forme au milieu pour diminuer la pente... Ici non... Je me dis que c moins dangereux en arrière... Puis je me fais engueuler par le chef de gare, qui me dit qu'en avant, je verrai mieux où je vais... Ben oui mais voir la mort de face, j'avoue je suis un couillon mais ça me tente pas... Tant pis, faudra bien... Putain, mon sang se glace, j'arrive difficilement à rester la tête collée à mon siège, mais j'arrive en bas. Même cirque que de l'autre côté, on sent qu'ils sont pressés... L'ouvrier qui nous accompagne dans les dédales de la gare glacée ne pipe pas un mot, on prend deux monte-charges et hop, nous voici arrivé dans un vieux couloir décrépi... Il montre une direction du doigt, puis nous dit "Tot ziens"... ben tiens... Ma comparse n'est toujours pas remise de son fou-rire de ma descente, et nous voilà paumés dans un grand hall marbré et froid, au mauvais endroit de la ville...

Après avoir consulté quelques cartes bilingues multi-réseau (route, train et métro en 2 langues sur une carte de Bruxelles, je suis pas sûr que ça soit fait pour être lu par quelqu'un assis) et puis quelques coups de fil à mon amie venu du froid, elle décide de venir nous rejoindre à la gare malgré son plâtre. Elle connaît pas le quartier, nous non plus. Les gens ont pas l'air sympa, des clodos trainent dans chaque recoin de l'immense complexe à l'architecture trop moderne, et il fait froid...

Au bout de 15 minutes, je l'aperçois de loin, avançant courageusement avec ses petites béquilles et sa grosse chaussette. Quel plaisir de la revoir, nous avons eu peur de ne jamais y arriver à cause des derniers évènements... Après les embrassades réglementaires, nous nous dirigeons vers un café qui a sa terrasse dans la gare. Le personnel est encore d'une amabilité déconcertante (c'est tout juste si on ne se fait pas agresser si on demande si on peut fumer), et franchement, le prix c'est limite du vol. Mais bon, je suppose que tous les businessmen affairés qui passent leur vie dans les gares ne regardent pas à ça...

Après de brêves retrouvailles, nous décidons de faire quelques dizaines de mètres pour changer de crèmerie, et trouver une ambiance un rien plus "fun". Nous avons abandonné l'idée d'aller voir dehors pour trouver mieux, il recommence à neiger. Deux Rodenbach-grenadine feront l'affaire, et les quelques heures passées ensemble nous réchauffent le coeur, à défaut du reste. J'adore cette fille, elle me fait rire. Et puis elle m'apprend un peu de russe aussi, ce qui n'est pas négligeable...

L'heure des au-revoirs a sonné. Il ne faudrait pas faire attendre les gentils bonshommes jaunes. Au fait où est-il ? Encore 10 minutes à se perdre dans cet imbroglio de marbre, de métal et de verre pour le trouver, après un passage éclair aux toilettes (où j'ai rencontré le seul mec sympa de la journée, un arabe qui jouait au monsieur pipi et qui tenait absolument à me rendre les 10 cents de trop que je lui avais donné...). Arg. Déjà la descendre c'était pas évident, cette pente. Mais la monter... Mais c'est qu'il me pousse, le bougre ! Ouf, j'y suis. Bon, la configuration est différente... C'est à droite où à gauche ? Hein ? Hé mais du calme ! Il pousse ma compagnonne de voyage, manque de provoquer un embouteillage sur la plate-forme (bon j'avoue, j'étais au milieu du jeu de quilles...) et puis retire son truc et ferme la porte comme le dernier des barbares...

Re-bienvenue dans la chaleur tropicale, la SNCB vous souhaite un bon voyage... Et puis ici pas de wagon pour nous seuls, nous devons rester sur la plate-forme, entre les 2 trous des 2 portes, en plein remous dignes d'un trou d'air aérien... Ma voisine est toujours morte écroulée de rire de me voir flipper, et apparemment elle n'est pas la seule puisqu'au téléphone Clochette, D. et même Y. s'y mettront à leur tour pour me prouver que je suis ridicule à stresser pour si peu... Le gentil contrôleur (francophone cette fois) nous fait de la place dans le wagon, et nous arrivons trente minutes plus tard en vue de notre Cité Ardente adorée.

Re-demi-tour millimétré, laisser passer les gens, et voilà l'homme au pont-levis mobile qui nous alpague habilement. Là ca va, c'est easy. Sauf que le quai est gelé, et que tout le monde se casse la gueule à cause du givre sur le béton... excepté nos deux chaises roulantes bien entendu...

Après avoir longé le quai jusqu'à l'autre bout pour rejoindre le monte-charge, un dernier périple souterrain (avec le passage en apnée obligé) nous attend avant de rejoindre le plancher des vaches et l'air frais. Frais et froid. Glacial. Gelé. Putain d'hiver !

Nous coupons par le parc, c'est plus court (comme dans la pub). Mais putain que c'est froid ! J'ai même manqué me manger un bus, mon instinct grégaire me poussant à rejoindre le plus vite possible la douce chaleur de mon petit nid. Heureusement qu'elle était là ma sacrée voisine, sinon je n'aurais même pas pu rentrer à la maison pour cause de mains gelées...

Nous sommes rejoints dans la soirée par Ripley, Futé et Looping, et c'est à 2h du mat que Morphée m'accueillit généreusement pour une nuit de repos bien méritée...

Morale de l'histoire : même si j'ai juste pris le train pour zoner dans une gare avant de revenir, ce périple restera une de mes plus belles histoires d'homme libre...

jeudi 9 mars 2006

Goodbye...

La marche inexorable du temps ne cessant de s'accélérer, il est normal de voir des gens autour de soi disparaître. Et même si c'est normal, ce n'est jamais agréable. C'est au tour d'une de mes voisines de quitter ce bas-monde et son lot de douleurs pour aller rejoindre un autre monde. Je ne la connaissais que par personne interposée, je n'avais eu qu'une seule fois l'occasion de croiser son joli regard tourmenté. Adieu, bel ange. J'espère sincèrement que ce qui t'attend ailleurs sera plus agréable que ce que tu as du endurer ici-bas.

Ces évènements m'ont rendu le coup de fouet nécessaire pour reprendre ma vie à bras le corps. Il est urgent d'être heureux. Plus on attend, et moins on aura le temps de profiter de notre moment passé ici. Je ne veux plus perdre de temps.

Samedi, mon voyage à Bruxelles en train aura un petit goût d'aventurier de l'Orient-Express...

dimanche 5 mars 2006

Un de plus

Ils ont remis ça. Après la méga-fête surprise de l'année passée, ils ont organisé une nouvelle fiesta en faisant tout dans mon dos. Ils sont incorrigibles. Mais c'est aussi pour ça que je les aime tous.

D'habitude c'est le temps des bilans, de la remise en question, des voeux qu'on aimerait voir s'exaucer. Le bilan est assez simple. J'ai appris à apprécier ma vie de célibataire (presque) endurci, à profiter de chaque belle chose qui traverse mon quotidien pour en faire une force qui me tient debout (c'est une image bien entendu). J'ai appris à sortir de chez moi, à moins craindre ce "dehors" qu'Y. m'avait dépeint d'une manière telle que la paranoïa ne pouvait qu'insidieusement s'auto-alimenter. Basta. Finito. Je sors seul, et je fais des trucs complétement dingues, même parfois pour un valide. Je reste tout de même prudent, on ne se refait pas. Je ne le redirai jamais assez, je suis persuadé que tout est une question d'équilibre...

Mes voeux sont assez simples :
1. Que cette vie ne s'arrête pas
2. Que tous ceux qui me sont proches trouvent leur voie comme j'ai trouvé la mienne
3. J'avoue que rencontrer la fille qui me mettra dans tout mes états est une chose que j'ai envie d'imaginer. Vivement le printemps.
4. Dégager du temps dans mon petit business, et profiter. Profiter, profiter et profiter encore.

Je pense lancer d'ici peu un nouveau débat : peut-on être bouddhiste et épicurien ? Je pense que oui. Car la Voie permet de profiter de bien plus de choses que des simples plaisirs charnels de ce bas monde.

La semaine prochaine, je tente une nouvelle expérience, si la météo me le permet. Mes aventures recommencent, et j'espère que ce blog aussi. Il y a tant de choses à dire sur le bonheur...

Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...