samedi 11 juin 2005

Sex, Drugs & Rock'n Roll

Cher Bono,

comme j'avais déjà écrit à ton collègue, je ne voulais pas faire de jaloux, alors voilà je t'écris aussi. J'avoue que l'idée de ce post m'est inévitablement venue pendant le concert, alors que nous chantions à tue-tête.

J'ai beaucoup apprécié la journée d'hier, c'était un beau jour. Même si quelques retardataires ont un peu foutu en l'air mes envie de visites culturelles, j'ai tout de suite apprécié le beau temps (j'ai essayé de ne pas trop fixer le soleil) et l'exercice périlleux de dévorage de saucisse géante a continué à égayer l'humeur ambiante. Journée "off" pour moi, même si les clients ont toujours autant de mal à m'oublier pour 24 heures. Nous avons donc gentiment glandé, errant autour du stade dans des rues sans nom, profitant des répétitions que tes amis et toi nous offriez comme pour nous dire "et vous n'avez encore rien vu".

Effectivement, on avait encore rien vu. 60.000 personnes qui se ruent dès l'ouverture des grilles pour envahir une pelouse, c'est sympa, mais un peu flippant. Heureusement, ma Clochette a pris soin de moi, comme toujours. Elle s'est occupée du ravitaillement, s'est inquiétée de mes coups de soleil, et s'est assise à côté de moi dans l'emplacement réservé aux chaises roulantes. Finalement, y'a quand-même beaucoup de personnes en chaise qui viennent à tes concerts. Peut-être que pour eux comme pour moi, la musique était un moyen de supporter la vie. Je dis "était", parce que maintenant ma vie, elle est tout sauf insupportable. Je suis fier de mon petit bonhomme de chemin, et de tous les changements que j'ai pu y apporter depuis que j'ai pris les choses en main.

Après 2 premières parties prometteuses, les choses sérieuses commencèrent. Certes, j'étais un peu occupé à faire partager mon concert par GSM, et pour moi c'était une grande fête du rock (LA grande fête du rock à vrai dire). Les cellulaires captaient mal, et je n'ai malheureusement pas pu partager ce moment avec tous ceux que j'aurais voulu avoir près de moi. Dommage...

Puis je me suis laissé aller. Une fois de plus, les souvenirs des souffrances passées associées à certains titres écoutés en boucle, des moments merveilleux comme des vacances ou des premiers émois amoureux, tout est revenu. Et il a fallu que ça sorte, j'ai encore chialé comme une mauviette. Je m'en foutais d'être ridicule, j'étais bien. J'étais moi. Et la suite du concert a confirmé ce que je pensais. Tout l'amour que j'ai à revendre, toute cette compassion qui fermente en moi depuis des années, je dois en faire quelque chose.

A vrai dire, j'ai failli ne pas venir. Le petit bonhomme en rouge et jaune était de passage aussi, pas très loin. Mais même si je l'admire et si son enseignement m'a été plus que profitable, j'ai préféré aller délirer avec une rockstar qu'aller philosopher avec un Maître Spirituel. Grand bien m'en a pris. Tu m'as rappelé le principe fondateur de mes convictions : la Voie du Milieu. Il faut de tout pour faire un monde. Méditer et faire preuve de compassion, c'est bien. Mais cette force intérieure est 1000 fois supérieure quand on est soi-même bien dans sa peau. J'avais besoin d'être là, avec mes amis, et avec toi. Ma place était là, et nulle part ailleurs. J'aurais voulu rester coincé là et ne jamais en sortir...

Tu as raison, du moins j'en suis convaincu. Ce blog est le reflet de mes pensées sur ma vie et sur le monde, et plusieurs fois j'ai déjà parlé de changer ce monde. C'est grâce à des gens comme toi que des gens comme moi prennent conscience de leur valeur. C'est grâce à des gens comme toi que 60.000 personnes se rassemblent dans un esprit de paix, de bonheur et de gaité. On était tous là pour faire la fête, et recevoir ton message. Il est bien passé, je crois.

Chacun d'entre nous peut changer le monde. Si les politiques et les financiers nous manipulent sans cesse, ils ont besoin de nous. Les grandes multinationales ont besoin de notre pognon pour survivre. Les politiques ont besoin de nos voix pour être où ils sont. Puisqu'ils nous utilisent, utilisons-les. Arrêtons de croire qu'il faut avoir peur de demain, peur de notre vie, peur de ne pas être heureux. Le vieux livre Indien me l'avait déjà appris : la discipline de l'action est salutaire. La technologie nous permet maintenant de nous exprimer. Il y a 10 ans, un espace d'expression comme ce blog était impossible. Maintenant, je peux m'exprimer, et peut-être un peu faire participer les gens à mes réflexions. Je ne dis pas détenir la vérité. Elle n'existe pas. Je sais juste que ça serait sympa d'aider ceux qui en ont besoin, si on le peut. Et tout ça peut se faire sans sacrifier sa propre existence, et même son confort. Nous avons les armes pour bâtir un monde meilleur, nous pouvons communiquer avec la majorité du monde "civilisé" (je ne veux pas dire que le reste du monde est inculte, je veux juste dire que puisque nous avons le pognon, c'est à nous d'agir) dans la seconde. Qu'est-ce qu'il nous faut de plus, bordel?

J'ai mis ton joli bandeau, et je me suis inscrit sur le site dont tu as parlé. J'ai envie de coexister. J'ai envie que comme moi, le monde avance vers une vie meilleure. Un mort de pauvreté toutes les 3 secondes, c'est trop. 6.000 morts du SIDA par jour en Afrique, c'est trop. Même si je ne peux pas faire grand-chose d'autre qu'en parler et consommer moins naïvement, je le fais. Parce que si je ne le fais pas, personne ne le fera. Ce qui ne veut pas dire que si je le fais, tout le monde suivra. Mais au moins, j'aurais fait ce qui doit être fait, rien de plus, rien de moins.

Hier, tu m'as permis de prendre du recul sur tous ces gens que j'ai envie d'aimer. J'ai eu l'impression d'être en communion avec le monde entier. Tous ensemble, tous différents. Embarqués dans la même aventure trépidante qu'est la vie. Certains de mourir, un jour. Certains de souffrir, aussi. Mais lâcher prise, ça permet de profiter de tout le reste. Et crois-moi, je n'ai pas l'intention d'en louper une seconde.

Summum émotif lorsque tu as scandé "take up your cell phone", et que tout le stade s'est illuminé, comme autant de petites lumières de bonne volonté. Un peu d'élévation dans ce monde de brutes...

Je ne sais pas si tu gagneras le prix Nobel de la paix. Et je ne sais pas si ton action qui voudrait voire supprimer la dette du tiers-monde aboutira. Si le premier cas de figure arrive, tu prouveras qu'une rockstar peut servir à autre chose qu'à distraire. Si c'est le second, cela marquera le commencement que quelque chose de nouveau... Un petit bémol cependant : fais attention à tes détracteurs. Ils ne comprennent peut-être pas bien que pour avoir la possibilité de t'exprimer comme tu le fais, il faut faire des concessions. Et puis, s'ils ont raison, au moins moi j'aurais cogité et j'aurais eu l'envie de faire quelque chose de bien.

Tout va bien, tout va bien, bien. Elle bouge mystérieusement... Si seulement tu pouvais savoir combien c'est bon de ressentir au lieu de réfléchir. Combien je suis content d'être moi...

P.S. Merci pour le SMS au réveil !

1 commentaire:

Celyn a dit…

Belle lettre... Comme toujours, tes mots sont chargés d'espoir, font réflechir et laissent une empreinte... Merci !
Peut-être un jour auras-tu envie de discuter via msn... Why not?
Have a nice day !

Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...