samedi 19 février 2005

I had a dream...

"Me voyant sans exigence, on me croyait sans besoins."
Jacques Brel


Oui, je suis toujours en vie. Croyez bien que je suis aussi désolé que vous de ne plus avoir le temps d'écrire. Ce n'est pas l'envie qui me manque pourtant. Quoi ? Quand on veut on peut ? Oui je sais... mais maintenant que je dois gérer seul ma vie, raconter ma vie sordide d'une façon romanesque et baroque n'est plus une priorité absolue. Manger, boire, dormir, me sentir bien, et essayer de trouver ma moitié (si elle est aussi tordue que moi, ça me promet encore bien du plaisir...) sont des nécessités impératives. Malgré tout, je meurs d'envie de vous faire part de mes dernières réflexions introspectives, donc je vais tenter de n'omettre aucun détail important.

Le week-end passé fut un peu semblable à ces nouveaux week-ends qui jalonnent ma nouvelle vie. Samedi en compagnie de ma Clochette préférée pour faire mon devoir de gentil consommateur, donc dévalisage de grand magasin. Dimanche j'avais pris de bonnes résolutions, alors j'ai quand-même réussi à un peu travailler pour ratrapper le retard pharaonique accumulé depuis mon déménagement.

La semaine a été fort préoccupante, ma transformation-fusion interne avec moi-même allant bon train. Je me suis rendu compte que mon moi refoulé depuis longtemps (depuis les traumatismes liés à mes opérations, celles qui m'ont "rendu" handicapé) refaisait surface. C'est lui, mon côté sombre. Ce petit garçon qui n'a jamais compris pourquoi on a bouleversé sa vie, pourquoi il a du souffrir, pourquoi il a du changer ce qu'il était, pourquoi personne n'a essayé de le comprendre. C'est lui qui me taquine, qui me pousse à redevenir lui-moi. Je sais, mes délires psychanalytiques ne sont pas toujours d'un grand intérêt... mais je me soigne...

Lundi soir était un moment privilégié pour tous les amoureux-consommateurs que nous sommes, et je m'étais planifié un joli moment avec ma Mrs Underwood préférée. Tout était idéal, le moment, le lieu, l'intimité, la longue attente... et puis finalement non. Le grand Valentin a décidé de me mettre une grosse tarte dans la gueule, pour me punir de mon impudence. Non mais, j'allais pas avoir droit à de la tendresse quand-même !? C'aurait été trop beau... Par je ne sais quel mauvais tour de sorcellerie, ma tendre amie s'est transformée en Reine du Froid, épouvantable mégère toute de glace vêtue. Je n'étais pas en état de combattre pour récupérer celle que j'aimais. J'ai été lâche, et j'ai préféré la laisser s'enfuir loin de moi... peut-être à jamais... comment peut-on en arriver à se faire du mal alors qu'on ne voulait que se faire du bien ?

Un autre combat est en cours également, celui contre la tétine à cancer. J'ai été crier sur tous les toits que j'arrêtais de fumer à 30 ans, donc il était temps de commencer à réduire la consommation quotidienne. Je ne fume plus en journée, chez mon collègue. De toute façon, le travail m'absorbe tellement que je ne me rend même pas compte du manque... de tous ceux qui m'obsèdent pour l'instant, le manque de nicotine est de loin un moindre mal.

Mercredi à la maison. Seul. J'aurais du travailler comme un acharné. Et je me suis encore laissé aller à traînailler sur des sites de rencontre, errant à la recherche d'une tendre partenaire sans grand espoir que les yeux d'une gentille fille se posent sur moi... je n'arrive pas à faire concorder le moi sage, calme, serein et heureux d'être là avec le moi sombre et instinctif qui m'a fourni toute l'énergie et l'acharnement nécessaires à l'accomplissement de mes projets avec une seule obsession en tête : enfin avoir un chez moi pour me délurer et recevoir les montagnes de tendresse qu'il exige de plus en plus violemment. La tempête fait rage en moi, il n'y a plus de raisons de le faire taire, ce petit bonhomme frustré de ces années de convenabilité. La porte de sa prison s'est ouverte, et il pleure de rage car il n'ose pas la franchir seul... Quelques mots de réconfort d'amis sincères ont pu le calmer et m'aider à me rendre compte de la situation. Je ne dois plus me contenir, faire semblant, et accepter l'innaceptable. Je dois me laisser aller à mes envies instinctives sans les freiner. Difficile.

Jeudi et vendredi sous le signe du boulot et de la journée de labeur durement accompli. Les oublis commencent à se multiplier, la désorganisation s'installe et j'ai envie de regretter le temps maudit où cette chère Y. me permettait d'avoir le cerveau vidé de toute contrainte quotidienne liée à la survie. Mais n'ayant d'autre choix que d'apprendre à m'en sortir seul, je fais face stoïquement. J'ai même réussi à passer 24h sans gsm faute d'avoir vérifié que je ne l'avais pas oublié dans la voiture au retour de chez mon père jeudi soir. Et finalement, ce n'est pas grave. Rien n'est grave, puisque je suis toujours là, un demi-sourire permanent collé au coin des lèvres, et cette putain d'envie de vivre qui me tenaille toujours les tripes.

Je ne sais pas quand je reviendrai. Le plus vite possible. Dès que mon planning sera établi et que j'arriverai à me trouver des moments pour mon plaisir, je ne manquerai pas de revenir conter mes tribulations épiquement banales. Ca me manque. Vous me manquez. Ma vie virtuelle faite de discussions interminables sur le sens de la vie me manque. Je dois lui trouver une place, et rapidement. Mais chaque chose en son temps. Mon confort de vie est prioritaire, et j'ai encore beaucoup d'heures de sommeil à ratrapper...

5 commentaires:

Promethee a dit…

On passe souvent en silence mais il n'y a rien de plus attirant que tes mots, le reste importe peu...Bon weekend à toi...

Anonyme a dit…

Je confirme! Tu écris vraiment très bien, j'attends chaque nouvel épisode avec impatience.

Tu sais, les sites de rencontre sont moyens pour trouver l'âme soeur, ça viendra au moment où tu ne t'y attends pas, je sais que c pas très réconfortant, moi aussi je suis seule mais faut pas désespérer, si les filles s'arrêtent à ton handicap, c'est qu'elles ne valent rien! Prends confiance en toi, tu es très gentil, très intelligent, très marrant, tu es un moteur de recherche internet vivant MDR, enfin bref t'as pleins de qualités, et tu trouveras qqun, j'en suis sûre!
Je te fais de gros bisous!

Anonyme a dit…

Mon père aussi a été longtemps seul. Pendant des années, à cause de son handicap. C'est peut-être dur à avouer mais c'est vrai que le fait qu'il soit en fauteuil à je pense beaucoup contribué à sa solitude. Ca fais peur aux gens, ils ne voient pas plus loin, mon père est très autonome et n'a besoin d'absolument personne mais peut-être que les femmes se disaient qu'en ayant une relation avec lui, elles devraient " s'en occuper " comme d'un enfant ???
Tout ça pour dire qu'aujourd'hui finalement, il n'est plus seul, ça s'est fais pas le plus grand des hasards je pense. Ca n'a pas toujours été facile, ils ont eu des hauts et des bas mais comme tous les couples, ca fais plus de 2 ans qu'ils sont ensembles et je leur souhaite que ça continue, je lui souhaite que ça continue. Faut pas désespérer souvent c'est en ne cherchant rien qu'on trouve et vice-versa.

Olimask a dit…

Comme le dit si bien prométhée, "Passage en silence"!!! ;o)

Anonyme a dit…

... comment peut-on arriver à se faire du mal alors qu'on ne voulait que se faire du bien, frérot ?

Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...