mercredi 12 janvier 2005

White flag

L'avantage d'une guerre comme la mienne, c'est qu'on sait quand elle se terminera. On pourrait presque dire que je bats en retraite. Disons plutôt qu'il me faut conquérir de nouveaux territoires, et que je laisse bien volontiers le mien à cette chère Y..

Hier j'ai enfin prévenu mon grand-père de mon départ imminent. Contre toute attente, il a été génial avec moi. Triste, mais sensé. Il fallait bien que ça arrive. Je n'allais pas passer toute ma vie chez ma mère. Et même si je l'avais fait, le temps passe et un jour ou l'autre j'aurais du me débrouiller seul. Autant le faire maintenant, que j'en ai encore la force. Mieux vaut provoquer les évènements que les subir. Discipline de l'action, encore et toujours.

Les soutiens se renforcent, la stratégie finale est mise en place. J'ai du reculer la date de mon départ d'un jour pour pouvoir disposer de véhicules et de bras en nombres suffisant. Mardi, je mets les voiles. J'ai déjà une infirmière pour mercredi matin et mon premier lever dans mon nouveau chez moi.

Je voudrais dire que tout cela me semble étrange, farfelu, irréaliste mais réalisé. La lumière est là, je la vois. Plus que quelques obstacles mineurs, et ma vie à moi est là, tout devant. J'ai tellement besoin de pleurer pour me vider de toute cette rancoeur dont Y. m'a gavé depuis l'annonce que j'ai envie de rire aux larmes. Me coucher là, par terre, et m'endormir pour rêver des 1001 choses dingues que je vais pouvoir faire. Hurler ma joie à tous mes amis fidèles, et à tous les moins fidèles aussi, même au Venezuela. Remercier les quelques rares personnes avec qui j'ai passé tant de soirées, de journées, de matinées à discuter de mon mal-être, de ma situation oedipiennement vomitive, de ce courage que jamais je n'aurais cru trouver en moi. Et pourtant, je l'ai presque fait. Si je ne suis pas un homme comblé, au moins puis-je dire que je me sens maintenant un homme accompli, bientôt juste à sa place, chez lui.

Je me remémore avec délectation toutes ces rencontres magiques, ces pizzas chez Dario à déguster en apprenant à se connaître, ces escalopes milanaises trop arrosées pour partager autre chose qu'un bon repas, ces plats indiens extravagants accompagnés de danses évocatrices pour célébrer les grandes nouvelles. Merci ma puce, merci mon ange, merci clochette, merci ma belle, vous mes petites fées qui m'avez tant donné jusqu'ici. Je ne peux retenir des larmes (de joie ou de fatigue, peu m'importe) quand je pense à la façon dont vous avez toutes influencé mon destin pour me faire prendre ma voie. Si je suis heureux aujourd'hui, et si je peux enfin l'être demain, ça sera grâce à vous. C'était un hommage qu'il me fallait rendre, pour ne jamais oublier de l'infernal immobilisme d'où je viens et que je peux enfin quitter maintenant.

La fin de semaine risque d'être plutôt mouvementée, j'essayerai de continuer de tenir mon journal de campagne comme un correspondant sur le front. La seule différence, c'est que j'espère bien éviter toute forme de dommage collatéral, et que la victoire ne sera jamais amère...




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et quel bonheur pour nous de voir que tu y es arrivé, mon loulou à moi :-)

Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...