lundi 22 novembre 2004

Nouvelles du front (suite - part VII)

Voilà. Le choc a eu lieu. Comme je m'y attendais un peu, ça a été très difficile. Désarmant. Froide et résignée, elle a pris la nouvelle comme un ultime coup à son moral déjà très défaillant à cause de sa dépression, et en est venue aux menaces suicidaires. Pas évident d'en arriver là.

Mes troupes de choc dans la pièce d'à côté n'ont pas entendu de cris suraigus comme ils s'y attendaient. Sa résignation face à la vie faisait vraiment peine à voir. J'ai du me convaincre de ne pas être le bourreau qui portait le coup fatal. Pour elle il n'y a d'autre solution à sa solitude et à sa détresse que d'en finir. J'ai essayé d'être compatissant, et de rester positif face à cette nébuleuse de négativité. Toutes mes lectures récentes sur le bonheur et le sens de la vie, et le soutien de tout le monde n'a pas été de trop. Je suis de plus en plus persuadé que le vrai courage n'est pas d'encaisser les évènements, mais de les provoquer. J'ai donc, la mort dans l'âme, fait ce qui devait être fait, et dit ce qui devait être dit. Elle m'a presque chassé au bout de 15 minutes d'un monologue que j'ai essayé le moins blessant possible pour elle, et je suis revenu près de mes compagnons avant de m'effondrer. Mais pas devant elle.

Second acte. Mes amis ayant du me laisser, je me retrouvai seule avec elle. Comme je m'y attendais, chaque contact est devenu prétexte à une remarque assassine. J'essayais de mettre un CD dans un lecteur en hauteur, et il est tombé. Quand je l'ai appelé pour venir le ramasser et m'aider, elle m'a lâché un cinglant "Il faudrait que tu apprennes à te débrouiller si tu veux vivre seul".

Troisième acte. Mise au lit. Les moultes bières de l'après-midi et de la soirée aidant, elle était plus insensible au dialogue, et donc plus apte à enfin sortir un peu de sa torpeur. Nous avons ainsi discuté jusqu'à 1h du mat', et j'ai réussi à lui faire admettre quelques grandes vérités. Elle est la vraie dépendante de notre relation. Elle est seule comme une pierre. Elle est excessivement peureuse (voir paranoïaque) de sortir de chez elle. Elle a souffert énormément de la relation exigeante que sa mère lui imposait. Elle s'est fait avoir par mon père qui ne voulait, comme elle, qu'une échappatoire pour fuir ses parents. Beaucoup de choses sont sorties. Elle a accepté que j'essaye de l'aider, et de peut-être voir quelqu'un qui pourrait l'aider mieux que moi. L'enchevêtrement complexe s'est soudain délié, et elle est sortie de son interminable mutisme.

J'ai dormi comme un bébé après toutes ces pressions nerveuses, et cette épreuve un peu hors du commun. Je reprend mes esprits, et je peux enfin me dire : j'ai gagné, au moins ce combat contre moi-même et contre ma peur d'elle. Je n'ai plus peur pour moi, j'ai fait ce qu'il fallait. Il ne me reste que des remords d'avoir du lui cacher ça aussi longtemps, et la peur insidieuse de son suicide éventuel. Il faudra du temps pour guérir ces blessures, et me rassurer sur son avenir à elle. Quant au miens, il va être fait d'achats mobiliers inconsidérés, de décoration à trouver, de planning serré à tenir, et d'aide à lui apporter de mon mieux.

Que la vie est belle, parfois...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Félicitations.
Ta nouvelle vie sera belle, tu vas voir !
Et je suis persuadée que Y. va prendre un nouveau départ elle aussi, rien que du bon tu verras.

Léontine

Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...