mardi 9 novembre 2004

Parricide

L'ambiance devient bizarre chez Y. (vous remarquez j'arrive maintenant à dire chez Y. et plus chez moi...). Comme si elle sentait quelque chose, elle a décidé d'être agréable depuis quelques temps. Le fait que je n'ai plus de télé (elle a définitivement rendu l'âme récemment dans mon antre) fait aussi que lorsque je suis là et que je mange, je passe un peu plus de temps avec elle (je vais pas regarder une télé éteinte quand-même). Mon pied tordu et mon angine ont aussi été des occasions pour moi de la voir sous un autre jour, celui d'une mère qui malgré son putain de foutu caractère et sa dépression pernanente-et-envahissante prend la peine de s'occuper de son fils sans (trop) rechigner.

Un complot se trame dans son dos, peut-être contre elle. Et j'en suis l'instigateur. Je suis de plus en plus tendu lorsque je parle du "projet" dans la pièce à côté de celle ou elle se trouve avec l'un ou l'autre visiteur. Une peur viscérale s'empare parfois de moi, et je me dis "mais qu'est-ce que je suis en train de faire ? Est-ce que je veux vraiment la laisser crever dans sa misère ?". Bref, oui, je doute.

Je pense que c'est normal de douter, de me demander sans cesse si ce sera VRAIMENT mieux ma vie loin d'elle et de ses manies manichéennes. Ca prouve juste que je suis un être humain comme les autres, dont l'instinct grégaire le pousse à prendre soin de sa famille.

La situation actuelle commence à devenir difficile. Je commence aussi à avoir envie d'avoir une confirmation définitive pour pouvoir me libérer de ce poids, de ces cachotteries, de ce complot. Oui, je pourrais très bien déjà lui en parler, et préparer le terrain. Le seul vrai hic est que je n'ai AUCUNE idée de sa réaction. Parfois elle est pleine de bon sens et d'abnégation. Et parfois c une gosse pourrie gâtée qui fait sa crise pour un oui ou pour un non. Difficile d'aborder une décision comme la mienne avec un être aussi instable. Les scénarii types probables sont nombreux, en voici quelques uns, dans (selon moi) l'ordre du plus probable au moins probable :

- Elle est complétement groggy de la nouvelle, et l'accepte sans trop broncher, se martyrisant une fois de plus et en s'érigeant en victime.

- Elle nie le fait que je puisse m'en sortir sans elle, et devient violente, utilise son harcèlement moral favori et me fait vivre un véritable enfer jusqu'au départ.

- Elle est complétement détruite par mon départ et se laisse mourir de chagrin comme certains animaux abandonnés.

- Elle crie au complot, voue une haine sans merci à tout mon entourage qui l'aura monté contre elle, me séquestre et me fait un lavage de cerveau pour m'ôter de l'esprit que je peux vivre sans elle.

- Elle meurt d'une crise cardiaque dans les 10 minutes qui suivent l'annonce, et j'ai sa mort sur la conscience.

Je ne sais pas très bien comment exprimer toutes ces choses qui me turlupinent, qui viennent sans cesse me répéter à l'oreille "fils indigne!", entremêlés de mon envie de liberté, de mes rêves et de ma petite voix intérieure qui me sussure "barre-toi, il est plus que temps !".

J'attend donc avec impatience la sentence du conseil d'administration, en espérant ne pas vivre ces tortures pour rien, et ne pas devoir renoncer (temporairement) à mon indépendance pour continuer ma petite vie chez Y..


Aucun commentaire:

Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...