mardi 26 octobre 2004

Douce Noirceur

Décidément, ça ne va pas. J'ai beau réfléchir, essayer de positiver, de profiter de chaque moment agréable de ma vie, je n'arrive plus. La fatigue peut-être. Je ne sais pas. J'ai l'impression de fuir en avant, et qu'une immense vague sombre est en train de me rejoindre rapidement, tel un tsunami tout droit sorti de l'enfer. Je crois que c'est le contre-coup du trop plein de bonheur récent. Je ne suis pas habitué à tant d'attention, tant de belles choses, tant de moments agréables. Ca me chiffone. Je me suis répété tant et tant de fois, jusqu'à me faire souffrir de l'intérieur, que je devais faire une croix sur le bonheur, que maintenant qu'il est à mes pieds, les vieux démons ressurgissent.

Ma force intérieure est encore jeune, et volage. Les démons qui m'ont hanté, la solitude, le chagrin, l'appitoyement, l'injustice, sont vieux et habiles. Je reste fragile, malgré mon apparente sérénité. Les blessures que je me suis infligé à l'âme durant ces années de combat contre moi-même sont profondes, et les guérir prend du temps.

Je ne suis pas habitué à ce trop plein de bonheur qui m'a submergé récemment. J'ai parfois du mal à croire que c'est bien ma vie que je vis. Oui c'est à ce point.

La peur, elle aussi, revient en force. Peur de ce que je suis en train de faire : changer ma vie à tout jamais. Briser mes chaînes, et être libre. On dit parfois que les prisonniers libérés ont beaucoup de mal à marcher seul dans la rue, librement. Je n'ai jamais marché seul dans la rue, librement. Et ça me terrifie.

Toutes ces choses qui m'assaillent, et tentent d'entamer mon moral déjà bien fragilisé par la douleur physique de ces dernières semaines. Je n'ai presque plus l'envie de profiter de ce qui m'arrive. Je n'ai qu'une vraie envie : m'enfouir sous les couvertures, et dormir pour reprendre encore des forces, et oublier toutes ces épreuves. Même cette envie, je dépend d'Y. pour la combler. Et je ne peux pas l'assouvir, parce que je devrais me justifier de mon envie d'hibernation. Je n'ai pas le droit d'hiberner actuellement. J'ai juste le droit d'essayer de continuer à tenir bon, à espérer une sorte de délivrance quand je pourrai enfin être maître de ma vie.

Je ne sais pas si je suis clair. Il y a tant de différence entre ma vie et celle des autres parfois. Mais en même temps, mes faiblesses sont si honteusement banales.

J'ai envie de rire de moi, d'être cynique sur mon sort ridicule, et de continuer à découvrir ce que le destin me réserve. Sera-t-il vraiment clément, pour une fois ?

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Space Oddity

This is Major Tom to ground control I’ve left forevermore And I’m floating in most peculiar way And the stars look very different today  ...